Début juillet annonce la fin de l’école et le début des vacances. Dans le dictionnaire du P’ti Guillaume, le mot « Vacance » rime avec « Mamie Ginette » et le joli petit village d’Epinac.

Première soirée dans la petite maison près de la Drée. Au dîner, le P’ti Guillaume se délecte d’un somptueux repas concocté amoureusement par sa grand-mère et digne des plus grands restaurants : pizza au jambon cru et chorizo ! Hum, un délice ! Sentir le goût fort du chorizo sur la langue et l’odeur agréable du jambon cuit. Comment résister à la tentation d’un si délicieux menu ?

Le soir, c’est la guerre à la maison. Dans le salon, Ginette est installée avec son tricot dans le canapé, devant un épisode des « Cordiers juges et flics ». Mais dans l’une des chambres à côté, une bataille se prépare. Le P’ti Guillaume organise une opération commando. Il s’est confectionné un chapeau blanc en papier et il a revêtu un uniforme de soldat vert kaki. Pour agrémenter la tenue, il a emprunté la veste de mineur de son grand-père. Il nage un peu dedans, pour ne pas dire beaucoup, cependant elle lui sera utile pour traverser les marécages. Dans sa main, une longue vue pour observer l’ennemi de loin. Hop, en avant marche ! Oups, milles excuses. En avant, rampe ! Il est allongé ventre à terre. Il ne faut pas se faire repérer. Il passe le grand œil de la Ginette, qui prétend ne pas l’avoir vu. Il rampe notre P’ti Guillaume, il rampe au combat. L’appel du devoir l’attend. Défendre sa patrie fait toute la fierté d’un petit garçon. Or que de périples pour atteindre son but ! Tout va bien jusqu’au jardin des souvenirs. Il pense aux bons moments de sa jeune vie, la tête remplie des photos de lui en costume de chevalier, en petit pêcheur ; mamie Ginette dans son transat sirotant son kir, pépé dans son potager ; Lo l’exploratrice sur sa bicyclette, à l’époque où elle vivait encore dans la petite maison aux volets verts. Que de magnifiques souvenirs !

Toutefois, tout se complique lorsqu’il franchit les marécages des monts bleutés. Une zone humide, moite et brumeuse. Le P’ti Guillaume peine à distinguer le chemin, la vue obscurcie par la buée. Soudain, un obstacle se dresse devant lui et lui barre la route. Un monstre laid aux dents poilues veut l’empêcher de poursuivre et fonce droit dans sa bouche. Ouch ! C’est le « Bouchitosore ». La bête est redoutable. Le P’ti Guillaume ne l’a pas vu venir avec tout ce brouillard. Vite, il dégaine sa pâte magique, un p’ti coup sur l’objet qui vous importune… Mais le démon ne se laisse pas vaincre aussi facilement. S’ensuit alors un combat féroce entre le diable aux poils velus, le P’ti Guillaume et des dents. Eh oui, comme le dit le dicton « A l’amour comme à la guerre ». Il faut se servir de toutes les armes à disposition. Dans le cas présent, le P’ti Guillaume use de ses petites dents pour mordiller l’infâme « Bouchitosore ». Au bout de quelques minutes de lutte acharnée, le P’ti Guillaume parvient à venir à bout de son opposant.

Il reprend sa quête. Cependant là encore, un imprévu ! Devant lui deux options. A gauche la forêt noire. A droite le désert. Que faire ? Le désert serait plus court et moins dangereux que la forêt des ténèbres. D’un autre côté, c’est dans la forêt noire que réside le vieux sage. Allez savoir pourquoi un vieux sage vit seul dans une forêt où personne n’ose s’aventurer ? Je serais incapable de vous l’expliquer et le P’ti Guillaume encore moins. Peut-être pour tester le courage de jeunes héros ? Enfin, toujours est-il que le P’ti Guillaume pourrait bénéficier des sages conseils du vieux sage pour mener à bien sa mission. Plus une hésitation. Le P’ti Guillaume décide de traverser la forêt sombre. Mais à peine pénétré dans l’obscurité, les peurs se font connaître. Ils l’attendaient. Démons de minuit, monstres hideux, gobelins mutants. Le P’ti Guillaume tremble de tous ses petits membres. Il serait presque tenté de rebrousser chemin. Ce n’est pas pour rien que l’on appelle cette forêt la « forêt de toutes les peurs ». Seul les guerriers les plus braves ont eu la folie d’y mettre les pieds. Une poignée d’entre eux seulement a réussi à s’extirper des branches cauchemardesques. Le P’ti Guillaume commence à perdre espoir. Il claque des dents, il tremble comme une feuille, il se demande s’il va arriver à venir à bout de cet adversaire si imposant. Est-ce la fin de l’aventure ? Le P’ti Guillaume va t-il échouer dans sa quête ? Tout à coup, une lumière aveuglante apparaît devant même le P’ti Guillaume. Une lumière qu’il n ‘espérait plus. Le P’ti Guillaume est content de voir cette lumière éblouissante, qui peu à peu laisse entrevoir la forme d’un petit être bleu, portant une salopette rouge à carreaux blancs. Un petit être bleu aux grandes oreilles et aux yeux noirs et qui a d’avantage l’apparence d’un lapin que d’un vieux sage.

« Mister Nin-Nin, s’écrie le P’ti Guillaume en apercevant le vieux sage.

_ Bonsoir P’ti Guillaume.

_ Mister Nin-Nin, j’ai bien cru que c’était la fin. Je suis si soulagé de te voir. La forêt, elle est tellement effrayante !

_ Oui, c’est pour cette raison qu’on la surnomme « la forêt des milles peurs ». Pourtant, bien qu’étant dangereuse, comme chaque forêt, elle comporte sa part de luminosité et comme bon nombre de peurs peuvent être affrontées, tu peux achever celles qui te rongent en ce moment.

_ Mais comment faire Mister Nin-Nin ? Comment faire pour me débarrasser d’elles ?

_ C’est simple. La majorité des peurs ne sont que le produit de l’imagination de tous les passagers qui s’aventurent dans la forêt. Il faut apprendre à les maîtriser et alors seulement, les rêves reviendront et la sortie apparaîtra. P’ti Guillaume, tu as le pouvoir de dompter les cauchemars. J’ai eu vent de ta mission. Je sais que tu peux réussir. Dis-toi seulement que tout ceci n’est pas réel et alors tu vaincras. Ensuite tu seras assez fort pour affronter « l’Observateur ». N’ait crainte P’ti Guillaume, la force t’accompagne ! »

Sur ces mots, comme tout bon vieux sage qui se respecte, l’être bleu disparaît. Le P’ti Guillaume, reste planté là. Un p’ti moment. Quel bon vieux sage ! Il sait toujours me réconforter et me redonner espoir. Mais ce n’est pas tout. Il y a une guerre à gagner.Que faire toutefois de tous ces monstres, démons, vampires, gobelins qui l’observent dans le coin avec leurs sourires de cheshire ?

« Ils ne sont pas réel ! Ils ne sont pas réel ! Ils ne sont pas réel ! » Voilà chers enfants, la solution pour laquelle opte le P’ti Guillaume. Si un soir vous apercevez des vilains, méchants monstres qui vous regardent en souriant à pleines dents comme s’ils voulaient vous manger, faites comme le P’ti Guillaume, répétez trois fois à haute voix « Ils ne sont pas réel ! ». Les vilains, méchants monstres disparaîtront.

C’est ainsi que le P’ti Guillaume arrive au moment crucial, l’endroit où tout va se jouer. Au fond, deux équipes s’affrontent. Les soldats bleus contre l’armée rouge. Le P’ti Guillaume sort sa longue vue. Les adversaires se tirent, s’envoient et se renvoient une balle qui se déplace d’un bout à l’autre du terrain et qui, de temps en temps, vient toucher l’un des joueurs.Le soldat Z., un soldat bleu, s’arme de la petite bombe qu’il passe au soldat R. qui la passe au soldat C. qui la repasse au soldat Z. qui s’est démarqué et qui marque dans le camp opposé. C’est une guerre sans merci. A la fin du temps écoulé, la victoire sonnera pour un des partis ou ce sera match nul. Pendant ce temps là, l’ennemi numéro un, celui que le P’ti Guillaume recherche, observe la scène au loin, comme tout grand chef qui se respecte. C’est lui « l’Observateur », qui a orchestré tout ce petit manège. Il contemple son plan, bien tranquillement, semi-allongé sur son lit. Le P’ti Guillaume l’a repéré. Il lui faut maintenant l’arrêter. En prenant bien soin de ne pas se faire remarquer, le P’ti Guillaume rampe aussi silencieusement que le ferait une petite souris. Il a le souffle court et il sent la sueur perler sur son front. Un seul faux pas et il en serait fini de lui. Il est proche de « l’Observateur »… A la une, à la deux à la trois pense le P’ti Guillaume avant de sauter d’un seul bond sur l’ennemi. Ce dernier émet un « Oumph ». Un rude combat s’engage entre le P’i Guillaume et « l’Observateur »…

« Mais qu’est-ce qui se passe ici ? » Mamie Ginette entre dans la chambre, alertée par les cris stridents de son petit-fils. Celui-ci rit aux éclats, affalé dans les bras de son grand-père qui le chatouille par-ci, par-là, sous le bras, dans le cou, sur le ventre, sous les pieds. Le P’ti Guillaume ne pouvait que perdre la partie. Pépé Rico, avec des années d’expériences dans ce domaine, connaît tous ses points faibles.

La nuit venue, le P’ti Guillaume retourne dans le royaume de la forêt noire. Il est bien fatigué. C’est épuisant de faire la guerre à la maison. Mister Nin-Nin l’attend dans un lit moelleux. Pépé Rico et Mamie Ginette viennent le border, chacun d’un côté du lit. Chacun embrasse une joue du P’ti Guillaume.

« Bonne nuit P’ti Guillaume, dit Pépé Rico.

_ Fais de beaux rêves, ajoute Mamie Ginette.

_ A demain, répond le P’ti Guillaume.

Pour de nouvelles aventures !