«Enseignement: action, manière d’enseigner, de transmettre des connaissances» (définition du dictionnaire Larousse).

«Enseignement: action, art d’enseigner, de transmettre des connaissances» (définition du dictionnaire Le Robert).

«Enseignement: fait de transmettre un savoir de type scolaire» (définition du Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales)

Ah l’enseignement! L’art d’inculquer un savoir à de jeunes têtes pensantes. Maintenant, qui pense que l’enseignement ne se résume qu’à la transmission de connaissances? Cela reviendrait à penser que les apprenants écoutent bien sagement nos paroles. Qui pense vraiment que nos chers élèves passent leurs journées, assis sur une chaise à écouter calmement nos leçons? Allez-y, levez la main! Ah, il me semble en apercevoir une. Merci. Monsieur, Madame, vous vivez dans un monde utopique et je vous invite vivement à partager l’une de mes séances.

Bien entendu, quand je suis chanceuse, mes cours se déroulent sans encombre. On commence par un récapitulatif de la leçon précédente puis je présente les objectifs du jour. Les garnements écoutent tranquillement et se mettent au travail. Oui, je vous rassure, ils travaillent de temps en temps, ils le peuvent.

Cependant, il m’arrive d’être moins chanceuse et d’être confrontée à toutes sortes de situations comme celles où je bénis d’avoir eu des cours de secourisme, un indispensable dans notre carrière d’enseignant. Vous vous demandez pourquoi, j’imagine? Après tout, que peut-il bien se passer dans un cours d’anglais ou de français? Rien de bien dangereux à priori. Je vous répondrai: TOUT! Il faut s’attendre à TOUT quand on enseigne. Pour illustrer mon propos, je vais prendre l’exemple de Cléo. Je ne vous ai jamais parlé d’elle? Il serait temps. C’est une jeune fille , oui, j’en ai aussi. Elle est tout à fait charmante, un peu bavarde, beaucoup bavarde, mais elle fait ce qu’on lui demande. Elle a des difficultés, mais elle a envie de réussir et s’efforce pour obtenir de bonnes notes. Pour résumer, elle est gentille sauf quand elle passe son temps à discuter avec sa camarade ou qu’elle décide de prendre tout coup la poudre d’escampette au beau milieu de mon cours. Vous avez bien lu.

Ce jour-là, les élèves travaillaient par groupe. Je naviguais dans la salle entre chaque îlot quand Cléo est sortie en courant, son amie Emily à sa poursuite. Dans un moment pareil, je suis perplexe et me pose tout un tas de questions. Heureusement, elles ne sont pas loin. Il y a une baie vitrée et je peux les apercevoir. Le problème est que je ne peux pas les rejoindre et les laisser autres sans surveillance. Emily revient tenant Cléo par la main. Cléo est en pleine crise de panique. Elle pleure et sa respiration est rapide. Emily me dit que ce n’est pas la première fois. Les deux filles se connaissent depuis la sixième. Lorsqu’elle est stressée ou qu’elle ne parvient pas à se concentrer, Cléo se met à pleurer et à s’enfuir. J’invite donc cette dernière à prendre une profonde inspiration et à me raconter l’histoire. Cléo ne m’écoute pas et la revoilà repartie, je n’ai pas le temps de la retenir. Je demande à Emily de la suivre et de la raisonner, de m’appeler si la situation se complique. Je prends mon téléphone et j’appelle la vie scolaire pour qu’on m’envoie un surveillant récupérer Cléo. Une fois raccroché, je dois faire face à un autre problème. Il me reste 17 élèves à gérer. 17 qui s’improvisent pompier, psychologue, médecin. 17 qui souhaitent quitter la pièce pour aider Cléo. Dans ce chaos infernal, impossible de me faire entendre. Heureusement que la fin de l’heure approche.

Au final, tout se termine bien. J’ai pu maîtriser les urgentistes en herbe, un surveillant a pris en charge Cléo et la demoiselle est même venue s’excuser. Un petit sermon pour m’assurer qu’elle ne recommencera pas et l’inciter à me prévenir quand elle ne va pas bien.


Cours suivant!


Et vous, comment auriez-vous réagi?