Le p’tit guillaume est un petit bonhomme de dix ans, aux cheveux blonds et aux yeux bruns. Dans sa vie, il n’a pas trente-six hobbies. Ses passions: Star Wars, la pêche et les vacances chez Ginette. Ginette, c’est sa grand-mère, une bonne dame de soixante-dix ans, adorable les jours où elle se lève de bonne humeur et très coquette. Elle habite une contrée lointaine qui porte le ravissant nom d’Epinac. Le p’tit Guillaume aime passer ses journées là-bas, car il s’agit d’un endroit tout à fait charmant au milieu duquel coule une petite rivière remplie de poissons. Justement, c’est les vacances. Naturellement, le p’tit Guillaume vient passer quelques jours chez sa grand-mère.

Rien de tel pour se ressourcer et manger quelques bons petits plats: beefsteak et patates sautées, hum, le p’tit Guillaume adore. Puis hop, à peine sorti de table, le voilà parti canne à pêche en main, empruntant le chemin jusqu’à la petite rivière, son lieu préféré à Epinac. D’ordinaire, il se serait reposé après déjeuner et fait une sieste jusqu’à quinze heures en compagnie de sa grand-mère, avant d’aller jouer. Mais aujourd’hui, le soleil est au rendez-vous et brille de mille feux. Le ciel est d’un bleu à couper le souffle. Les oiseaux chantent. Les papillons sont de sortie. Il ne fait pas froid du tout, mais la chaleur n’est pas non plus étouffante. Le p’tit Guillaume se sent simplement l’envie d’aller pêcher et de lézarder près de la petite rivière où il pourrait sans doute tremper ses petits pieds de chérubin.Il ne suit pas le chemin jusqu’au bout ceci-dit. Au contraire, il coupe à travers les champs. Les vaches n’ont pas encore été installées et de toute façon, le p’tit Guillaume ne craint pas de se salir en passant par dessous les fils barbelés ni de s’écorcher les genoux nus à travers les ronces et les orties. Le p’tit Guillaume, c’est un aventurier. Traverser les prés lui donne l’impression de vivre d’incroyables aventures: course- poursuite avec un fou furieux aux trousses, chute au pays de la nymphe de La Drée, rencontre avec le roi grenouille, l’escalade de la montagne verte. Tant d’histoires dont le p’tit Guillaume est le héros. Mais enfin le voilà qui arrive près de la petite rivière bordée d’arbres. Il se trouve un bon coin, dresse sa canne à pêche et s’allonge au pied d’un arbre. Il a pris soin d’enlever ses sabots afin que ses petits pieds puissent eux aussi prendre l’air. Un bras sur les yeux fermés, il se laisse bercer par le doux bruit de l’eau, le gazouillement des oiseaux et la brise agréable du vent sur sa peau. Il reste ainsi quelques heures avant d’être dérangé par un nouveau venu. C’est le p’tit Gus ou plutôt le gros Gus, mais c’est tout de même un peu exagéré, ou encore plutôt mal poli, de parler ainsi de lui, même si ce n’est pas loin de la vérité. Le p’tit Gus est un petit garçon de onze ans au ventre rond et aux cheveux courts. C’est un bon copain. Comme le p’tit

Guillaume, il vient passer des vacances chez sa grand-mère qui habite La Garenne, une autre commune d’Epinac. La grand-mère du p’tit Gus vient souvent jouer à la belote chez une de ses amies qui habite La Drée. Elle emmène toujours le p’tit Gus avec elle. Cependant le p’tit Gus ne compte pas la belote parmi ses occupations favorites. Comme le p’tit Guillaume, le p’tit Gus aime la pêche. À chaque fois qu’il vient à la Drée, il va se promener près de la petite rivière. C’est ainsi que le p’tit Guillaume se trouve réveillé par le p’tit Gus qui rit bien de la position de son jeune ami.

« C’est ainsi que tu pêches p’tit Guillaume. Et les poissons mordent ou ils flânent comme toi? Ils doivent bien rire là où ils sont. Je les vois d’ici, le sourire aux lèvres à s’esclaffer ‘venez,venez vite, tentez cette canne, vous ne vous y tromperez pas, personne ne vous attrapera, car le propriétaire lézarde en ces lieux au pays des songes. »

« Bonjour à toi aussi p’tit Gus. Qu’est-ce qui t’amène ici, la pêche ou la moquerie? »

« Allons, allons, calme-toi. Il faut bien rire un peu. Grand-mère joue à la belote avec sa bonne copine. Je viens ici pour trouver de l’amusement et peut-être un bon repas pour ce soir. Mais maintenant que je t’ai trouvé, que dirais-tu d’un concours? Celui qui attrape le plus de poissons gagne. »

« Et qu’ai-je à y gagner? »

« Une magnifique journée et un verre de limonade bien fraîche si je perds. Je sais que l’amie de ma grand-mère en a préparé et elle ne rechigne pas à en offrir. »

Le p’tit Guillaume accepte avec un grand sourire. Il a grande envie de gagner ce petit jeu. Vite, il amorce sa canne à pêche, glisse un petit asticot et pfft, plonge la canne dans l’eau. Le p’tit Gus fait de même. Mais les poissons ne mordent pas si facilement à l’hameçon. Ils ne sont pas fous. Ils ne tiennent pas vraiment à finir frits à la poêle. Alors les garçons jettent des petits morceaux de viande et de maïs,espérant ainsi faire venir leurs délicieuses victimes. Mais les poissons ne semblent pas bien affamés. Peut-être que d’autres pêcheurs sont venus les nourrir avant les enfants. Pour mettre un peu d’ambiance, le p’tit Guillaume tente un coup. L’autre soir à la télévision, il a regardé « Ni vu ni connu », un film avec Louis de Funès, un p’tit bonhomme presque chauve qui amuse bien son monde. L’acteur incarne le rôle d’un homme qui chasse et pêche et distribue son gibier, illégalement, aux gens de son village. Sa technique de pêche a fort impressionné le p’tit Guillaume et le chenapan veut utiliser le même coup. Le p’tit Guillaume tape du pied au sol, espérant qu’un poisson sorte de l’eau et vienne directement se poser à ses pieds.

« Qu’est-ce que tu fais p’tit Guillaume? »demande le p’tit Gus qui pense que son ami a dû prendre un coup de soleil.

« Bah! Tu vois bien »dit le p’tit Guillaume le plus sérieusement du monde, avec sa petite langue qui sort de sa bouche, signe qu’il est pleinement concentré. « Je tape du pied. J’ai vu ça l’autre soir à la télé. Louis de Funès, il réussit à chaque fois. Il a même usé de cette méthode lors d’un concours de pêche. »

« Et alors il a réussi? »

« Pas seulement réussi, il a gagné. Si lui y arrive, je peux le faire. »

« Bonne idée. Moi aussi je vais essayer. Euh, dis tu m’en veux pas si je tente aussi? Je ne veux pas non plus te piquer ta méthode. »

« Non vas-y. Tu auras peut-être plus de chance que moi » Le p’tit Gus tente lui aussi l’expérience. Il tape du pied sur le sol espérant de tout cœur faire sortir un poisson. Mais rien ne sort. Les deux garçons tentent une fois. Deux fois. Trois fois. Inutile, cela ne sert à rien. Les poissons préfèrent rester cachés sous leurs rochers. Les enfants tirent une mine déconfite. Ils sont un peu tristes, surtout le p’tit Guillaume, il croyait tellement que la prise de Louis de Funès fonctionnait.

« Bah peut-être que seul Louis de Funès est capable d’attraper les poissons de cette façon. »

« Peut-être. »

Suite à cet épisode, les deux garçons retournent chacun à leur canne à pêche respective. Ils discutent pendant un moment de tout et de rien sans qu’aucun poisson ne vienne les perturber. Au bout de quelque temps cependant, la canne du p’tit Guillaume se met à bouger. « Ça y est ça mord, j’ai une prise. » Le p’tit Guillaume prend sa canne à pêche, il tire, il mouline, il ramène, il mouline, il ramène. Toutefois petit problème. Le molosse qui a mordu à l’appât du p’tit Guillaume semble être un gros poisson et le p’ti Guillaume peine à le ramener. Il commence à fatiguer, il est sur le point de se faire emporter, la ligne peut se briser à tout moment. Témoin de la scène, le p’tit Gus contemple son ami en difficulté. « Au diable le concours, les amis avant tout. » Hop, ni une ni deux, voilà le p’tit Gus derrière le p’tit Guillaume. Ensemble ils tirent, ils tirent et ils tirent et plouf!!! Plouf!!! Les voilà à l’eau. Le poisson a été le plus fort. Il faut dire que c’était un très gros poison. Les enfants n’ont pas eu le loisir de constater sa taille, mais c’était assurément un très, très gros poisson. D’ailleurs le voilà au loin qui nage de toutes ses nageoires en riant aux dépens des deux jeunes morveux qui ont eu l’audace de vouloir le pêcher. Les deux garçons sont un peu stupéfaits. Que vient-il de se passer? Ils viennent de se faire avoir par un poisson. Quelle drôle d’idée. La ligne a cassé. Et puis tant pis, l’eau est bien bonne. Le p’tit guillaume et le p’tit Gus rient de bon cœur. Ce n’est pas si grave. Ce n’est qu’un poisson après tout. Qu’il est agréable d’être mouillé par temps de chaleur. Voilà tout à coup les garçons emportés dans une bataille d’eau. Et vas-y que je te mouille. Finalement, le concours de pêche est oublié, c’est à celui qui sera le plus mouillé.Il se fait tard. Les garçons se sont bien amusés, même s’ils rentrent bredouilles. Le p’tit Guillaume accompagne un moment le p’tit Gus chez l’amie de sa grand-mère où il se voit offrir un grand verre de limonade bien fraîche, très plaisant pour sa gorge assoiffée. Puis, après avoir dit au revoir et merci, il rentre vite chez la Ginette qui l’attend de pied ferme pour le souper. En le voyant, Ginette déglutit. Son petit-fils est tout trempé, tout dépeigné, on dirait un clodo.

« Où es-tu passé p’tit Guillaume? Regarde-moi ce que tu ressembles. Pire que mes vieux chiffons. Va vite prendre une douche, on va passer à table. »

Aussitôt dit, aussitôt fait. Le p’tit Guillaume se hâte de prendre une douche, de passer un pyjama et de rejoindre sa mamie Ginette à table. La bonne dame n’est déjà plus fâchée. Comment le rester quand on a un petit-fils avec une frimousse d’ange! Pendant le repas, le p’tit guillaume raconte sa journée à sa grand-mère. Ginette rit bien. Son petit-fils a de bien drôles d’idées parfois.

D’ordinaire, le p’tit Guillaume regarde un peu la télévision le soir avec sa grand-mère. Mais là, il est si fatigué par l’amusante journée qu’il a passé, qu’il va directement se coucher.

A bientôt les amis, pour de nouvelles aventures!